« The blade », Evré Fammoe

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 Ervé « The Blade » Fammoe, le culturiste aux trois titres de champion du monde

Le Camerounais est un sportif éclectique. A part le bodybuilding, il a excellé dans les sports pieds-poings comme le full contact, le kickboxing ou le très actuel mix martial art (MMA). Il espère dans un proche avenir contribuer à l’éclosion de nouveaux talents dans son pays. Portrait d’une star mondiale.

L’enfant de Nkolmintag, un quartier populaire et fortement défavorisé de Douala, la capitale économique du Cameroun, s’est hissé pour la dernière fois au sommet d’un podium  mondial au cours du championnat organisé les 5 et 6 novembre 2016.  Ce laurier s’ajoute à ceux de champion du monde de l’International bodybuilding  fitness association gagné en 2014 et de la Natural bodybuilding Union International remporté en 2015. Cette année-là Fammoé est élu meilleur culturiste naturel de l’année en 2015 par le Natural game magazine, un journal américain.  Mais le bodybuilding n’est pas le seul sport dans qu’Ervé Fammoe a  pratiqué. Il commence dès l’âge des 12 ans par le karaté. « A l’époque j’aimais  les bagarres. J’étais celui qui se faisait battre ou qui battait son adversaire. J’aimais déjà les sports de combat. Mes parents l’ont vite compris et m’ont inscrit dans une académie de karaté alors que j’avais 12 ans ». Deux ans plus tard, il se met à la boxe. Mais comme  il aime « donner des coups de pieds », s’inscrit dans une académie de full contact à l’âge de 17 ans. Fammoé devient champion régional à 19 ans et embrasse les compétitions de kick-boxing. Il est d’ailleurs nommé capitaine de l’équipe nationale de la discipline. Il portera le brassard de 2002 à 2005, participant au passage aux très courues rencontres France-Cameroun. Après  un séjour au Gabon, Ervé prend la route de l’Asie.

Là-bas il s’entiche  du muay thaï et prend part pendant un an à des compétitions organisées en Chine continentale, à Hong-Kong et en Thaïlande.  Il amasse un pactole consistant (plus de 22 millions de Francs Cfa) et décide d’arrêter la pratique du sport de compétition en 2008. « Je n’avais pas de sponsors. J’en avais marre de financer moi-même mes compétitions », explique le champion. Ervé Fammoé investit dans le commerce. Une boutique est ouverte au Marché central de Douala. Stop mais pas fin puisqu’un un événement malheureux va se charger de le renvoyer dans les arènes. L’incendie du marché central n’épargne pas sa boutique. Les dégâts sont estimés à 15 millions de Francs Cfa.  « J’ai compris que les dieux du sport avaient encore besoin de moi. C’est pourquoi je suis retourné au sport ».

En 2011 on va retrouver Fammoé à Dubaï aux Emirats arabes unis. Là-bas le touche-à-tout qu’il est depuis sa tendre jeunesse se met à pratiquer le Mix Martial art (MMA) encore appelé « free fight », une des variantes des terribles combats de cage. Ici aussi, le du Camerounais brille de mille feux. Il devient champion des Emirats, vice-champion du monde MMA World League. Son parcours dans cette branche des arts martiaux  s’arrête en 2013. Il se fait briser 4 côtes au championnat du monde qu’accueille le Portugal. Ce qui amène les médecins à lui prescrire un repos complet de 6 mois. Mais se sentant mieux après 3 mois, Fammoé se remet au sport. « Je ne pouvais pas ne pas m’entraîner. Je me suis remis à la fonte et de là est partie la magie du bodybuilding. Et Dieu merci de 2014 à 2016 j’ai eu 14 titres internationaux », se réjouit le natif de Douala. Il pratique le bodybuilding naturel, celui qui se fait sans prise de stéroïdes et d’hormones.  N’allez cependant pas croire que le parcours de l’Africain Fammoé fut toujours aisé.

Il a vu et  subi des choses.  « Le MMA et le bodybuilding sont deux sports très difficiles. Ce sont deux sports à risque. J’ai vu des gens mourir dans les cages. Ça n m’a pas empêché de continuer. J’ai vu des bodybuilders se couper les reins ou se fracturer les jambes. Je me suis cassé une jambe en 2015 mais je n’ai pas raccroché. C’est un sport à très grand risques parce qu’il faut soulever de très lourdes  charges pour avoir un muscle parfait, pour développer un muscle un peu plus costaud. Ça ne m’a pas empêché de continuer, je suis là, c’est ma passion c’est ce que je sais faire je n’abandonnerai pas de sitôt », jure cet homme habitué à l’adversité de la vie depuis qu’il est tout petit.

Il est élevé par sa mère devenue veuve très tôt et sans grands moyens. C’est cette absence de moyens qui l’empêchent de poursuivre ses études à l’université de Douala après l’obtention du Baccalauréat série A.  Bien que devenu une star du bodybuilding, Fammoé ne se considère pas riche. Ce qui importe pour lui c’est qu’il puisse vivre décemment et arrive à s’occuper de ses quatre enfants et de sa femme qui vivent tantôt dans la maison qu’il a bâtie au Cameroun tantôt à Dubaï, la ville asiatique où il a choisi de s’installer et qu’il aime pour la sécurité qu’elle offre à ses habitants. Lorsqu’il y retourne Ervé Fammoé pense tout  le temps aux jeunes sportifs restés au pays. Il aimerait aider à réorganiser le culturisme dans son pays. Une discipline « à refaire », apprécie-t-il non sans déplorer le manque  d’infrastructures. Il compte organiser des séminaires de formation aux méthodes d’entraînement. Le champion du monde  camerounais compte créer  « la Fondation Ervé Fammoe », une entité qui annonce-t-il  pourra  concrétiser les rêves des jeune sportifs. Ce n’est pas tout Fammoé compte aussi  organiser chez lui une compétition internationale avec des athlètes venus de l’étranger. « Quelque chose qu’on n’a jamais fait au Cameroun », annonce l’ambitieux athlète.

Contribution de Pierre Arnaud Ntchapda