Le champion Evré Fammoe n’a pas été honoré dans son pays

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Le champion Evré Fammoe est en colère. Même s’il n’est pas prêt à tout casser, il  tient à nous signifier son mécontentement. L’homme qui nous reçoit en ce début d’après-midi dans une petite buvette du lieu dit « Rond-Point Dakar » à Douala en veut aux autorités. Depuis plus d’un mois qu’il est  au pays, il attend toujours de recevoir les honneurs qu’il estime dus  à son rang. Le triple champion du monde de bodybuilding  espère être reçu et célébré par le ministre des sports et de l’éducation physique Pierre Bidoung Mkpatt ou par le Président  de la République du Cameroun, Paul Biya.  « C’est un peu difficile de  ce côté, répond-t-il quand on lui demande comment il passe les vacances au bercail. On n’honore pas les champions dans ce pays. Je ne sais pas pourquoi. Je suis au pays depuis un mois et demi. Ma Fédération, la Fédération camerounaise de bodybuilding a entamé la procédure  qui devrait  me permettre d’être reçu par le ministre des sports à qui je veux  présenter mes trophées et médailles. Jusqu’ici rien n’a été fait. Je suis passé dans des télévisions, des radios. Je n’ai toujours pas eu de réponse. Je ne vais pas m’éterniser au pays. Il est temps que j’aille préparer la nouvelle saison de bodybuilding », éructe le champion au milieu de proches dont on devine au hochement de leurs têtes qu’ils  comprennent sa colère.

Et de pointer  le sort des champions « lésés » dans son pays, le Cameroun. Suffisant pour que Ervé « the blade » (« la lame » en anglais) indique qu’il n’est pas totalement insensible aux sirènes d’une demi-douzaine de pays qui l’ont approché lors du dernier championnat du monde organisé en Italie en novembre dernier.  Il cite les Etats-Unis d’Amérique, le Canada l’Australie, la France, la Belgique, l’Italie, mais donne d’abord l’impression que son cœur balance. Il confie avoir la passion de son pays avant d’envisager  un changement de nationalité sportive. « Il faut bien que je prépare l’avenir (…) il faut vivre comme un champion. Il y a le futur qui compte », explique l’ancien boxeur  en citant en exemple le traitement quasi-princier de certains champions à l’instar des Français Mormeck et Asloum.

Contribution de Pierre Arnaud Ntchapa