Joseph Fabrice Ondoa, un authentique héros camerounais

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En général, dans les équipes de football ceux sur qui l’on compte le plus ce sont les attaquants. Mais dans l’équipe nationale du Cameroun qui vient de remporter la 31ème Coupe d’Afrique des nations les espoirs reposaient sur …le gardien de buts. Joseph Fabrice Ondoa Ebogo, 21 ans, aura été le monsieur 80 % de cette formation sur qui pas grand-monde ne misait un sou avant la compétition. Patriote et concentré, c’est lui qui permet aux Lions indomptables de rester dans la compétition à travers un arrêt des plus décisifs le 22 janvier 2017. Ondoa s’attire la sympathie d’un peuple qui découvre à l’occasion un footballeur au comportement exemplaire. Un jeune que même un sort peu enviable en club n’a pas réussi à ébranler.  

Elle ne se contentera pas simplement de lui serrer la main comme à ses coéquipiers. La première dame de la République du Cameroun a choisi de féliciter le gardien de buts des Lions indomptables du Cameroun d’une autre façon. Après la poigné de main, Chantal Biya entraîne Joseph Fabrice Ondoa Ebogo vers elle, le couvre de bises et le congratule. Après la cérémonie, le jeune portier des Lions indomptables a droit à des selfies réalisés par l’épouse du chef de l’Etat elle-même. Il réalise sans doute ce 08 février 2017 à travers l’accueil qui lui a été réservé à la présidence de la République l’ampleur des actes de sauvetage qu’il a posés en terre gabonaise. D’incroyables exploits qui ont hissé les Lions indomptables du Cameroun sur le toit du continent.

Pour ce qui n’était que sa deuxième participation à une Coupe d’Afrique des nations, le joueur de 21 ans a montré une détermination salvatrice pour les siens. On l’a vue à sa façon de reprendre les paroles de l’hymne national, souvent les yeux fermés, et à gorge déployée. Devant leurs téléviseurs les Camerounais ont apprécié l’image. Ils aimeront davantage le sauveur. Celui qui multiplie les arrêts de classe tout au long du premier tour et permet au Cameroun de rester dans la compétition. Nous sommes le 22 janvier 2017 au stade de l’Amitié Sino-gabonaise d’Angondjé, dans la capitale gabonaise Libreville. Lions indomptables du Cameroun et Panthères du Gabon s’affrontent dans le cadre de la troisième et ultime journée des matches de poules.

Des arrêts qui sauvent…

Le Gabon doit gagner pour accéder en quarts alors que le nul suffit aux Lions indomptables. Leurs adversaires se procurent les meilleures occasions sans toutefois concrétiser. Comble de malchance leur ultime opportunité de scorer obtenue dans les derniers instants de la partie reste sans suite. La faute à Joseph Fabrice Ondoa Ebogo qui dans un étonnant réflexe stoppe de la main un ballon de Bouanga qui filait droit vers ses filets. Le Cameroun tout entier (expatriés et supporters présents à Angondjié compris) exulte et scande à l’unisson le nom de Joseph Fabrice Ondoa. Les hommages se multiplient au pays. L’artiste One Love enregistre la chanson dédicacée « Ondoa tu es bon », publie la première version de son vidéogramme le même soir. Depuis lors le refrain « Ondoa tu es bon, bon, bon. Fabrice tu es bon hein ! Ebogo tu es bon… Le genre que tu fais tes plongeons là hein, ça c’est le don », n’arrête pas d’être fredonné.

Ondoua se met de nouveau en évidence lors du quart de finale Sénégal-Cameroun. Après des exploits en cours de jeu, il stoppe le tir au but de la star sénégalaise Sadio Mané. Ce qui permet aux Lions Indomptables de prendre de l’avance dans l’épreuve des coups de pied de réparation. Et même si Vincent Aboubakar met la dernière balle camerounaise au fond, c’est Ondoa qui est porté en triomphe par les supporters camerounais de part et d’autre de la planète. Après la victoire en finale le nom d’Ondoa est toujours sur les lèvres. Il est applaudi même pour des actes posés en dehors du terrain.

Le premier est ce message aux populations des régions anglophones du Cameroun en plein bras de fer avec le gouvernement central. Le soir de la finale et devant la piscine de l’hôtel qui accueille l’équipe du Cameroun, il dédie la victoire de la sélection à ces compatriotes dont certains vivent dans le chef-lieu de la région du Nord-Ouest, Bamenda. « Je pense que c’est grâce à notre union qu’on a réussi à faire ça. Et je dis à nos frères de Bamenda, vraiment, qu’on les aime. On les aime de tout notre coeur, de toutes nos forces. Et, vraiment, on a besoin d’eux pour un Cameroun uni. Et je pense que cette Coupe d’Afrique est dédiée à eux, parce que nous avons aussi reçu leur soutien, à travers Faï, à travers Clinton, à travers Tambe. Ils étaient avec nous. Et, vraiment, my brother, I am from Bamenda, for you. Bamenda, I love you»

Un jeune exemplaire

Cette déclaration plaît à beaucoup de gens. Notamment au leader de l’opposition Ni John Fru Ndi lui-même originaire et résident de Bamenda. Voici ce qu’il disait le jour de la réception des Lions Indomptables à la Présidence de la République du Cameroun : «Je devais venir ici pour féliciter Ondoa qui a compris le problème. Il a dit qu’il est Bamenda, le football ne devrait pas être politisé».

Deuxième geste hautement apprécié et salué, la remise de dons qu’il effectue à la prison centrale de Kondengui, le principal pénitencier de la capitale camerounaise le lendemain du retour triomphal des héros de Libreville au bercail. Ondoa apporte aux personnes incarcérées  des vêtements, des pâtes alimentaires, du riz, des boites de conserves, du sucre, du lait,  des médicaments et des iproduits vivriers. La popularité retrouvée d’Ondoa en fait l’objet de toutes les sollicitations. Même les plus coqunes.

De nombreuses admiratrices ne lui ont-elles pas déclaré leur flamme sur les réseaux ? Certaines s’accrochent et espèrent toujours partager sa vie en dépit du fait qu’il se soit employé à décourager les courtisanes en publiant pour les décourager des photos de son actuelle compagne.  Preuve palpable de la forte envie qu’il a de ne pas mettre en péril l’idylle qu’il vit en ce moment. Le genre d’envie qui l’a amené à se surpasser et convaincre le sélectionneur du Cameroun Hugo Broos de le mettre dans les buts en dépit d’une opinion générale défavorable qui préférait au remplaçant de l’équipe réserve du Fc Séville son rival André Onana, gardien de buts titulaire du mythique Ajax d’Amsterdam.

Heureux en sélection, mais malheureux en club

Le défaut de matches en club est l’argument qui a été avancé par les détracteurs de Joseph Fabrice Ondoa pour expliquer ses (rares) moments de méforme en équipe nationale. Professionnel depuis la saison 2014-2015, il est recruté tout d’abord par le Fc Barcelone B, l’équipe réserve du club « Blaugrana» (D2 espagnole) qui a renforcé et complété sa formation après sa détection au Cameroun par le centre de formation  Fundesport créé par Samuel Eto’o Fils Ondoa Ebogo quittera  le Fc Barcelone après deux saisons sans match officiel pour aller chercher du temps de jeu à Nastic Tarragone, un autre club espagnol de 2ème division. Manque de pot là-bas aussi. Le Camerounais repart après quelques mois passés sur le banc direction Séville.

Là aussi le footballeur qui est né le 24 décembre 1995 à Yaoundé doit attendre son heure. Il n’est encore que remplaçant au sein de  l’équipe réserve. Une situation qui en étonne plus d’un observateur. Situation d’autant plus paradoxale que ce « fils » d’Eto’o a connu un parcours exemplaire au cours de sa formation. Il est élu meilleur joueur de la Nike premier cup (saison 2009-2010) et de la Ligue des champions pour les jeunes (saison 2013 -2014). Des compétitions réservées respectivement au moins de 15 ans et aux moins de 19 ans. Ondoa gagne avec les jeunes du Fc Barcelone une dizaine de trophées dont la Ligue des champions des jeunes.    

D’aucuns en viennent à penser que c’est l’agent du joueur qui s’y prend mal dans son travail de recherche d’un club pour son prodigieux poulain. Tout le monde espère que les récents exploits du meilleur gardien de buts de la Can 2017 lui permettront  trouvera enfin un club qui le fait jouer régulièrement. Joseph Fabrice Ondoa Ebogo perpétue la tradition des grands gardiens camerounais. Il est déjà considéré comme le digne successeur des Thomas Nkono, Joseph Antoine Bell, Jacques Songo’o, Alioum Boukar.      

Contribution de Pierre Arnaud Ntchapda