Issa Hayatou embarrassé par la justice égyptienne

Issa Hayatou, President of CAF (Confederation of African Football), speaks at the opening ceremony of 29 CAF general assembly at Khartoum, Sudan. February 10, 2007. REUTERS/Mohamed Nureldin (SUDAN)

Des informations publiées par les médias égyptiens et internationaux ont fait état d’une enquête ouverte par les magistrats du Caire contre le président de la Confédération africaine de football Issa Hayatou. Il serait accusé d’avoir attribué des droits de retransmissions TV en bafouant les lois de l’Egypte, le pays qui abrite le siège de la Confédération. Pourtant celle-ci rejette toutes les accusations en bloc.    

Issa Hayatou a dû beaucoup y penser lors de la cérémonie de remise des récompenses organisée dans la soirée du jeudi 5 janvier 2017 à Abuja, la capitale du Nigeria. Le président de la Confédération africaine de football (Caf) a dû être préoccupé par cette histoire de corruption ventilée depuis la veille par les presses égyptienne et internationale. Le Camerounais apprenait en effet que la justice égyptienne a décidé d’ouvrir une enquête contre lui pour abus de pouvoir et corruption. L’on lit alors dans la presse qu’Issa Hayatou va être poursuivi par les magistrats du Caire, la capitale de l’Egypte, pour n’avoir pas respecté les lois de leur pays en matière d’attribution de droits de retransmission.

Hayatou qui a attribué ces droits de retransmissions des compétitions majeures de la Caf au groupe français Lagardère Sports se voit reprocher de n’avoir pas  agi conformément à la réglementation en vigueur en Egypte pays qui accueille le siège de la Caf. Nos confrères indiquent que l’on reproche aussi à l’administration que dirige depuis 28 ans l’ancien professeur d’éducation physique et sportive le fait d’avoir cédé les droits pour 12 années supplémentaires (de 2017 à 2018) à un partenaire qui avait déjà eu les droits télévisuels sur la période 2008 -2016. Suffisant pour ses accusateurs qui attendaient un appel d’offres sur le territoire égyptien parlent de corruption. La Caf n’a pas attendu avant de réagir à travers un communiqué qui démentait et tentait de démonter toutes les accusations portées contre elle.

Le document signé au Caire le 5 janvier 2017 parle d’ « informations erronées » publiées par la presse égyptienne et les médias internationaux. L’instance faîtière du football africain conteste tout et ajoute que « dans la lettre adressée à la Caf par l’Autorité égyptienne de la concurrence, il n’est point fait mention de poursuites quelconque contre le président de la  Caf que ce soit pour des faits de corruption ou autre chose ».
La Caf assure avoir respecté la procédure puisque, soutient-elle, « après évaluation des différentes options soumises, et dans le strict respect des clauses contractuelles existantes », son comité exécutif « a marqué son accord pour le renouvellement du contrat avec Lagardère Sports pour le cycle 2017-2028. Ce qui a été fait au mois de juin 2015 »,explique-t-on.

« Lagardère Sports ne contrevient en rien à une législation nationale ou supranationale »

La Confédération africaine de football se défend d’avoir  bafoué les lois de l’Egypte en matière de cession des droits audiovisuels. « La Caf tient à préciser que le contrat avec Lagardère Sports ne contrevient en rien à une législation nationale ou supranationale, tel qu’établi par des opinions juridiques catégoriques à ce propos. Les zones de commercialisation des droits audiovisuels ne s’appliquent pas qu’aux compétitions de la Caf, mais correspondent à un découpage universellement admis et reconnu. Notamment dans la commercialisation des droits des événements sportifs. Il est à noter que même pour la Coupe du monde, les droits commerciaux sont cédés pour plus d’une édition dans la zone Mena (Moyen-orient et Afrique du Nord). Aucune commercialisation n’est faite pays par pays. Ceci est également valable pour l’essentiel des championnats européens », lit-on encore dans le démenti de la Caf.

Le contrat de la discorde va rapporter 1 milliard de dollars à la Confédération africaine de football. Peu après sa signature l’on apprenait qu’Arnaud Lagardère, directeur général du groupe Lagardère, avait affiché son intention de conserver les droits commerciaux acquis auprès de son partenaire dès 2008. Un confrère écrit qu’il a « tenu ses promesses concernant le continent africain en prolongeant le partenariat entre Lagardère Sports et la CAF de 12 ans ». Lagardère via sa filiale Sportfive, n’était pas seul à convoiter les droits TV. Bein Sports lorgnait aussi de ce côté-là…

Reste que cet épisode risque de laisser une (autre) tâche sur la réputation d’Issa Hayatou. L’accusation de corruption portée  contre le président de la Confédération africaine de football n’est pas la première. Le natif de Garoua au Cameroun avait déjà failli être interpellé par la police suisse lors du déclenchement du « Fifa gate » en 2015 à Zurich. Les policiers en à la recherche des corrompus lui avaient demandé de les suivre, mais il avait refusé. Plus tard, répondant aux accusations de corruption visant le Qatar alors candidat  à l’organisation de la Coupe du Monde 2022 et qui disaient qu’il avait pris un pot-de-vin, Hayatou dira : « Je n’ai peur de rien, car je n’ai rien fait. Ma conscience est tranquille (…) Je n’ai jamais vu cette femme de ma vie. Elle prétend que nous avons rencontré les gens du Qatar dans un hôtel en Angola. Où ? Quand ? Elle l’a dit une première fois, puis elle a admis qu’elle avait menti. Un an plus tard, elle renouvelle ses accusations. Elle raconte n’importe quoi ! On lui demande de fournir des preuves. Elle n’en a pas apporté»», déclarait-il au sujet de la dame qui l’indexait. Phaédra Almajid, son accusatrice que le Camerounais avait exigé 1, 5 millions de dollars pour donner sa voix au candidat asiatique. Hayatou l’avait échappé belle à l’époque. De nouveau accusé de corruption l’inamovible patron du football africain connaîtra-t-il cette fois-ci le même sort heureux ?

Contribution de Pierre Arnaud Ntchapda